La série Yaesu FTX-1 est un émetteur-récepteur compact et polyvalent, conçu principalement pour une utilisation en radioamateur. Par défaut, il est volontairement limité pour n’émettre que dans les bandes attribuées légalement aux radioamateurs. Ces restrictions ne sont pas des défauts, mais des garde-fous qui garantissent le respect des réglementations nationales et internationales. Cependant, de nombreux opérateurs découvrent rapidement la fameuse modification MARS/CAP – une procédure permettant d’élargir considérablement la plage d’émission de l’appareil.
Pour certains, ce n’est qu’une curiosité technique. Pour d’autres, c’est une manière de préparer leur équipement en cas d’urgence. Et pour une petite minorité de participants autorisés à des programmes officiels, c’est même une nécessité. Quelle que soit la motivation, il est essentiel de comprendre ce qu’est – et ce que n’est pas – la MARS mod avant de se lancer dans une telle opération.
Procédure étape par étape sur le Yaesu FTX-1
Voici la méthode documentée pour le Yaesu FTX-1 :
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Déconnecter toutes les sources d’alimentation, y compris la batterie.
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Retirer les trois vis noires situées sous le cache du haut-parleur et enlever ce dernier.
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Sous le cache, retirer les trois vis argentées dissimulées.
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À l’arrière, enlever les trois vis noires du haut pour libérer la partie frontale.
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Séparer délicatement l’unité avant de l’unité RF.
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Localiser Jumper 1 sur la carte principale et le court-circuiter avec une goutte de soudure. Cela active le mode MARS/CAP.
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Remonter le poste en replaçant toutes les vis.
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Effectuer une réinitialisation usine pour initialiser la nouvelle configuration.
À première vue, cela semble simple. En réalité, l’opération demande une grande précision : une erreur de soudure peut endommager définitivement l’appareil. C’est pourquoi les opérateurs expérimentés rappellent souvent que « facile sur le papier » ne veut pas dire « facile dans la pratique ».
Qu’est-ce que la MARS mod ?
Le terme « MARS mod » vient du Military Auxiliary Radio System (MARS) aux États-Unis. Ce réseau existe depuis les années 1950 et associe des radioamateurs civils aux besoins de communication de l’armée. On trouve aussi la Civil Air Patrol (CAP), qui utilise également des fréquences proches des bandes amateurs.
Ces organisations avaient besoin de radios capables de transmettre au-delà des bandes radioamateurs classiques. Les fabricants comme Yaesu, Icom ou Kenwood ont donc intégré des « commutateurs » cachés – cavaliers, diodes ou drapeaux firmware – permettant aux techniciens agréés d’étendre la couverture. Les radioamateurs ont fini par découvrir ces mécanismes, et l’expression « MARS mod » est devenue un terme générique pour toute extension de fréquence.
Pourquoi les radioamateurs réalisent-ils cette modification ?
Les motivations sont diverses :
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Flexibilité en cas d’urgence – Certains estiment qu’un spectre élargi pourrait être utile pour coordonner des secours.
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Utilisation à l’étranger – Les allocations de fréquences varient selon les pays. Un radioamateur européen voyageant aux États-Unis peut vouloir adapter son appareil.
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Curiosité technique – Le radioamateurisme attire des passionnés qui aiment comprendre et contourner les limites techniques.
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Participation aux programmes MARS ou CAP – Aux États-Unis, les participants officiels doivent réellement utiliser des postes élargis.
Mais il faut insister : un appareil modifié n’autorise pas légalement l’émission hors des bandes amateurs.
Comment les fabricants appliquent les verrous de fréquence
Les transceivers ne sont pas bridés par hasard : les fabricants doivent respecter des certifications strictes (FCC aux États-Unis, CE en Europe). Pour cela, ils emploient différentes méthodes :
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Cavaliers ou fils – certains anciens modèles (Alinco, par exemple) pouvaient être débloqués en coupant un fil.
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Combinaisons de touches – certains portatifs Yaesu s’ouvraient via un menu caché.
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Points de soudure – comme sur le FTX-1, de petits pads à relier ou couper.
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Matrices de diodes CMS – sur des modèles comme l’Icom IC-7300, l’agencement des diodes détermine les restrictions.
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Verrous logiciels – de plus en plus fréquents, modifiables uniquement via un logiciel de service ou des menus cachés.
Modifications matérielles vs logicielles
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Modifications matérielles : physiques, souvent irréversibles, elles exigent une soudure de précision. La moindre erreur peut détruire le poste.
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Modifications logicielles : elles reposent sur un câble de programmation, un firmware ou un menu caché. Moins invasives, elles restent risquées si mal exécutées.
Le Yaesu FTX-1 utilise une modification matérielle par cavalier.
Exemples de postes compatibles MARS mod
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Yaesu FT-857 / FT-891 – extensions via points de soudure.
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Icom IC-7300 – nécessite de modifier une matrice de diodes microscopiques.
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Kenwood TS-2000 – large plage après modification.
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Baofeng UV-5R – tristement célèbre pour son ouverture facile avec le logiciel CHIRP.
Aspects légaux et éthiques
Un point essentiel : la modification ne rend pas les émissions hors bande légales.
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En France, c’est l’ARCEP qui régule.
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En Allemagne la BNetzA, en Hongrie la NMHH.
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À l’échelle mondiale, c’est l’UIT (ITU).
Une utilisation non autorisée peut entraîner de lourdes amendes, la confiscation du matériel ou la perte de licence.
Il existe aussi un aspect moral : est-il responsable de risquer d’interférer avec des services vitaux (aviation, secours, police) pour de simples tests ? La majorité des radioamateurs s’accorde : réception oui, émission non, sauf dans les bandes autorisées.
Conseils pour une modification en sécurité
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Lire la documentation technique et se référer à des sources fiables (forums spécialisés).
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Sauvegarder la configuration/firmware avant toute intervention.
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Utiliser un outillage adapté (fer à souder fin, loupe, protection ESD).
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Tester d’abord avec charge fictive et instruments de mesure (ROS-mètre, wattmètre).
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Se rappeler que toute erreur peut impacter d’autres utilisateurs du spectre.
Questions fréquentes (FAQ)
Ai-je vraiment besoin de la MARS mod ?
Seulement si vous participez officiellement à MARS ou CAP, ou pour un projet technique spécifique.
Perds-je la garantie ?
Oui, toute ouverture ou modification annule la garantie.
Puis-je émettre sur les fréquences police/secours ?
Non. C’est illégal et dangereux.
Peut-on revenir en arrière ?
Les modifications logicielles, souvent oui. Les modifications matérielles, rarement.
Puis-je déjà recevoir hors bande sans mod ?
Oui. Beaucoup de postes modernes couvrent une large bande en réception.
La performance s’améliore-t-elle ?
Non. En dehors des bandes amateurs, les filtres et étages de puissance ne sont pas optimisés et risquent de s’abîmer.
Contexte historique
Depuis les années 1950, MARS joue un rôle majeur comme filet de sécurité pour les communications militaires américaines. Pendant la Guerre froide, puis lors de catastrophes naturelles, ses opérateurs assuraient des liaisons vitales.
Les fabricants ont donc prévu des options cachées, destinées aux opérateurs autorisés. Mais avec l’arrivée de la programmation numérique dans les années 2000, les méthodes se sont diffusées largement sur Internet, entraînant un engouement même chez les débutants.
Perspectives
L’avenir est aux radios SDR (Software Defined Radio). Là, la fréquence est définie uniquement par logiciel. Cela facilite les déblocages, mais offre aussi aux fabricants de nouveaux moyens de verrouillage :
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Clés d’activation chiffrées
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Désactivation à distance en cas d’abus
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Séparation plus stricte entre matériels amateurs et commerciaux
Pour les radioamateurs, cela ouvre toutefois des possibilités inédites d’exploration du spectre – à condition de respecter la légalité.
La MARS mod du Yaesu FTX-1 est une opération passionnante et relativement simple pour les techniciens expérimentés. Elle élargit nettement la plage d’émission, mais comporte des risques juridiques et techniques.
Pour la plupart des radioamateurs, son intérêt réside surtout dans l’aspect éducatif : comprendre comment les fabricants limitent leurs appareils et comment ces limites peuvent être contournées.
Mais la règle fondamentale du radioamateurisme demeure : « ne causez aucun tort ».
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